Comme une grenouille a feu doux. (incertitudes sur le réchauffement climatique)
janvier 13th, 2010 // 12:00 @ V.CAU
Depuis que le débat sur la taxe carbone est relancé, les articles fleurissent dans la presse et les blogs. Je suis effaré du nombre de contre vérités, d’articles écrits sur le zinc du bistrot du coin, quand ce n’est pas tout simplement de la provocation comme encore aujourd’hui un article du célèbre Bjorn Lomborg dans LE MONDE (je ne mets pas de lien ça n’en vaut pas la peine). Il ne faut pas croire qu’ils sont à côté de la plaque au Monde, c’est simplement que la polémique et la controverse font vendre. Quand je lis les commentaires laissés par les internautes, je suis abattu devant les âneries, la cristallisation des passions et des colères. Mais finalement que peut-on attendre de l’avis du vulgum pecus, à quoi rime de demander un avis à quelqu’un qui répond à chaud sur un article qu’il découvre au hasard de ces lectures quotidiennes, qui n’a aucune notion du sujet.
Le réchauffement climatique a ceci de terrible que c’est un phénomène qui a toutes les « chances » de devenir la contrainte principale pour l’Humanité et qu’il est par ailleurs source de polémiques sur son existence et ses conséquences et que l’on le traite actuellement comme un problème de seconde zone. Ceci est partiellement dû au fait que le sujet est anxiogène et qu’il est plus facile de faire des déclarations d’engagement pour 2050 que de prendre le taureau par les cornes et de ce contraindre aujourd’hui.
La vision du réchauffement climatique ou la cuisson des grenouilles à feu doux.
Vous connaissez le principe, vous mettez une grenouille dans une marmite d’eau froide. La grenouille se gèle mais ne bronche pas. Vous allumez le feu, thermostat 2, vous chauffez progressivement. Quand l’eau est tiède, notre grenouille trouve cela agréable et barbotte. L’eau est maintenant chaude, elle n’apprécie pas, ça la fatigue, mais elle ne s’affole pas. L’eau devient très chaude, la grenouille trouve cela très désagréable, mais reste immobile car trop fatiguée. Elle finie donc par cuire, alors qu’elle aurait vivement réagie et se serait sauvé si on l’avait directement plongée dans l’eau chaude. Lorsqu’un changement s’opère de manière lente et progressive, il échappe à la conscience et suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition.
De même, pour le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre chauffent le bouillon mais les effets sont diffus nous n’en voyons pas les conséquences possibles.
Le réchauffement climatique est encore mal perçu, « voyez bien mon bon Monsieur, comme il fait froid en ce mois de janvier…alors, leur réchauffement climatique… ». La controverse est bien présente. Même si je suis fan de N.N. TALEB et de sa conception de l’incertitude du hasard, du fait que nous ne savons rien, je pense tout de même que pour le coup les preuves commencent à s’accumuler et le sujet n’est pas soumis au hasard sauvage. Qu’en pensent ceux qui savent?
Que dit le GIEC (le GIEC c’est plus de 500 auteurs principaux et 2 000 examinateurs spécialistes de ces questions, ils ont participé à la rédaction du rapport de synthèse n°4, qui a été soumis à l’examen minutieux des représentants d’une centaine de nations), à mon avis c’est la seule organisation légitime pour parler du sujet.
Vous trouverez le condensé du résumé dans les publications : résumés a l’attention des décideurs , je vous encourage à les lire pour vous faire une opinion.
Evidemment, les conclusions sont le résultat de consensus et comportent des marges d’erreurs, le dégré de confiance ou probabilité de l’occurrence est définie précisément.
par exemple :
« En 2005, les concentrations atmosphériques de CO2 (379 ppm) et de CH4 (1 774 ppb) ont largement excédé l’intervalle de variation naturelle des 650 000 dernières années. La cause première de la hausse de la concentration de CO2 est l’utilisation de combustibles fossiles ; le changement d’affectation des terres y contribue aussi, mais dans une moindre mesure. Il est très probable (voir les probalités liées à ce terme ci-dessus) que l’augmentation observée de la concentration de CH4 provient surtout de l’agriculture et de l’utilisation de combustibles fossiles ; cette progression s’est toutefois ralentie depuis le début des années 1990, ce qui concorde avec le fait que les émissions totales (anthropiques et d’origine naturelle) ont été quasi constantes durant cette période. Quant à la hausse de la concentration de N2O, elle est essentiellement due à l’agriculture. {2.2}
On peut avancer avec un degré de confiance très élevé que les activités humaines menées depuis 1750 ont eu pour effet net de réchauffer le climat. 6. » (rapport de synthèse du GIEC)
A la fin du rapport de synthèse N°4, vous trouverez « les conclusions robustes et incertitudes clés« , vous
pourrez vous faire un idée et réagir « en conscience » aux commentaires qui inondent la toile et les journaux.
A bon entendeur…
Category : Réchauffement climatique