La SHON et les exigences de performance énergétique des bâtiments.
janvier 18th, 2011 // 10:00 @ V.CAU
Depuis quelques années, le gouvernement et le secteur de la construction d’une manière générale se mobilisent progressivement pour anticiper et s’adapter aux contraintes « climatoénergéticoéconomiques ».Les enjeux liés au réchauffement climatique et au renchérissement des prix de l’énergie, révolutionnent le monde du bâtiment. Les labels et les normes, se multiplient et constituent des contraintes qui poussent à réduire les consommations des bâtiments (on peut regretter que l’énergie grise, ne soit que rarement une cible prise en compte).
Les diverses normes et labels classent les bâtiments en fonction d’un ratio de consommation : kWh/m2.an. ou un ratio d’émissions de GES : kg éq CO2/m2.an La définition de ces étiquettes-énergie mérite d’être précisée.
1/ l’énergie
Les kWh correspondent à l’énergie primaire. C’est à dire l’énergie mesurée au compteur + les pertes de distribution + les consommations des producteurs et consommateurs d’énergie. Par exemple, le ratio pour le kWh électrique est de 2.58 (énergie primaire = 2.58 * énergie finale). Ces donnés peuvent être discutées, elles correspondent à des ordres de grandeur, le ratio pour les combustibles fossiles étant généralement pris égal à 1, ce qui est un peu « court ».
2/ les émissions de GES: voir l’article sur les CO2e ou kg éq CO2 (clic)
3/ la surface prise en compte
Les consommations sont ramenées à des surfaces construite, mais quelles surfaces précisément?
- Le DPE (diagnostics de performances énergétiques) fait référence à une surface habitable ou surface utile : « Pour un bâtiment à usage principal d’habitation, le diagnostiqueur obtient la surface habitable sur la base des informations fournies par le propriétaire. A défaut, il estime lui-même la surface habitable du bien par des relevés appropriés. Pour un bâtiment à usage principal autre que d’habitation, le diagnostiqueur obtient la surface utile sur la base des informations fournies par le propriétaire. À défaut, il estime lui-même la surface utile du bien par des relevés appropriés » (décret du 15 septembre 2006). La surface habitable SHAB « La surface habitable d’un logement est la surface de plancher construite, après déduction des surfaces occupées par les murs, cloisons, marches et cages d’escaliers, gaines, embrasures de portes et de fenêtres ; le volume habitable correspond au total des surfaces habitables ainsi définies multipliées par les hauteurs sous plafond.Il n’est pas tenu compte de la superficie des combles non aménagés, caves, sous-sols, remises, garages, terrasses, loggias, balcons, séchoirs extérieurs au logement, vérandas, volumes vitrés prévus à l’article R*. 111-10, locaux communs et autres dépendances des logements, ni des parties de locaux d’une hauteur inférieure à 1,80 mètre.. » (Article R*111-2)
- La règlementation thermique (RT2012) arrête du 26 octobre 2010
- Pour les bâtiments à usage d’habitation :La surface de plancher hors œuvre nette au sens de la RT d’un bâtiment , SHON(RT), est égale à la surface hors oeuvre brute de ce bâtiment ou de cette partie de bâtiment, au sens du premier alinéa de l’article R. 112-2 du code de l’urbanisme, après déduction :
a) Des surfaces de plancher hors œuvre des combles et des sous-sols non aménageables
b) Des surfaces de plancher hors œuvre des toitures-terrasses, des balcons, des loggias, des vérandas non chauffées ainsi que des surfaces non closes situées au rez-de-chaussée ou à des niveaux supérieurs
c) Des surfaces de plancher hors œuvre des bâtiments aménagés en vue du stationnement des véhicules ;
d) Dans les exploitations agricoles, des surfaces de plancher des serres de production, des locaux destinés à abriter les récoltes, à héberger les animaux, à ranger et à entretenir le matériel agricole… - Pour les bâtiments à usage autre que l’habitation :
La surface de plancher hors œuvre nette, au sens de la RT, d’un bâtiment ou d’une partie de bâtiment à usage autre que d’habitation, SHON(RT), est égale à la surface utile de ce bâtiment, multipliée par un coefficient dépendant de l’usage défini ci-dessous :
COEFFICIENT MULTIPLICATEUR DÉPENDANT DE L’USAGE DU BÂTIMENT :
Bureaux 1,1
Enseignement primaire 1,1
Enseignement secondaire (partie jour) 1,2
Enseignement secondaire (partie nuit) 1,2
Établissements d’accueil de la petite enfance 1,2
- Les labels BBC et BPOS Effinergie : ces labels prennent en compte la SHON (identique à la règlementation thermique ci-dessus), limitée à 1.20*SHAB.
- les labels Minergie (suisse), prend en compte un surface SRE (surface de référence énergétique) » calcul de la sre : Prise en compte de toutes les surfaces hors oeuvre, déduction des espaces non isolés ou non habitables, déduction de hauteur inférieure à 1m (SRE0)«
Le résultat final est très sensible au dénominateur que constitue la surface, d’où le risque de voir des projets pour lesquels la SHON est « artificiellement » gonflée afin de réduire les ratios de consommation... La SHON est également contestée par de nombreux architectes, les permis de construire, le COS, les taxes …sont assises sur la SHON, des voix s’élèvent pour abolir la SHON, « …Aussi, l’intérêt du maître d’ouvrage, promoteur ou simple pétitionnaire, consiste-t-il à réaliser le moins de SHON pour le plus de SHAB (surface habitable) ou de S.U. (surface utile) possibles, car il paie la première, vend ou vit dans la seconde. Le rapport SHAB ou SU sur SHON est de fil en aiguille devenu la contrainte principale imposée aux concepteurs. Si cette contrainte est lourde pour l’architecture, elle n’a pas de sens pour l’économie de la construction, à l’inverse du rapport SHAB – SHOB (surface hors œuvre brute) »
Reste la question principale (pour moi) : a quoi servent ces ratios kWh/m2.an et kg éq CO2/m2.an ? Le but est de réduire, globalement, la dépendance française (actuelle et à venir) aux énergies fossiles et de diminuer les émissions de GES. L’enjeu pour les professionnels du bâtiment est conséquent, il semble évident, lorsque l’on voit le graphe ci-dessus, que les normes de construction et la demande des Maîtres d’ouvrage s’oriente vers des bâtiments « sobres ».
Reste à mon humble avis, toujours les mêmes questions brulantes : l’énergie grise que l’on ne mesure pas actuellement, qui est donc invisible (et encore relativement indolore) représente parfois l’équivalent de 50 ou 100 ans de consommation pour l’exploitation du bâtiment. La phase chantier dépend de 100 à 300 kg éq c/m2 (ou 366 à 1100 kg éq CO2/m2), ceci équivalent à consommation de pour le chantier d’environ 3800 kWh ep/m2. Quel est le risque pour les professionnels du bâtiment en cas de surchauffe des prix de l’énergie? Au niveau des émissions de GES, quel est la cohérence de ne raisonner que sur ce qui est facilement mesurable (émissions annuelles liées à la consommation) mais pas forcément l’essentiel (émissions globales pour l’ouvrage, compris phase construction)?
Edit du 31/01/11:
Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) et Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement ont annoncé une modification du calcul de la SHON, d’ici la fin de l’année : » …le calcul de la Shon afin d’encourager les murs épais (dans le neuf comme dans l’ancien). « Cela devrait permettre de gagner environ 10 % de surface habitable à COS équivalent », a précisé M. Apparu. » LE MONITEUR 31/01/2011
Edit du 27/08/12:
Une nouvelle circulaire (03/02/2012) supprime la référence à la SHON et définie les nouvelles surfaces à prendre en compte dans le droit de l’urbanisme.
Category : Bilan carbone chantier &Energie