Le stockage du CO2 dans l’industrie du ciment et la réduction des besoins énergétiques.
septembre 15th, 2012 // 10:33 @ V.CAU
L’industrie du ciment
Je reviens encore une fois sur l’industrie du ciment, sujet majeur pour le secteur de la construction et pour les émissions de CO2. La production du clinker, la matière première du ciment est fortement émettrice de GES, les industriels travaillent sur plusieurs axes pour réduire leurs émissions et consommations énergétiques (substitution du clinker dans le ciment, combustibles alternatifs aux hydrocarbures, process industriels).
Les cimenteries et le marché du carbone
La production de ciment est une source significative d’émission de gaz à effet de serre. (2,6 % du total des émissions de CO2 en France ou 11 % du total des émissions de l’industrie) .
Les cimenteries font partie des installations industrielles soumises au système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE[1]). Ce secteur bénéficie toutefois d’un régime dérogatoire, et conserve une allocation gratuite de la totalité de ces quotas (contrairement au centrales électriques par exemple), car il est soumis à un risque élevé de « fuites de carbone [2]». L’allocation de quotas est fixée selon l’intensité CO2 par unité de production, le benchmark est établi à partir des 10% des installations émettant le moins de CO2.
La prise en compte des enjeux CO2 par les cimentiers.
L’évolution du coût des combustibles et les perspectives de coûts liés aux émissions de CO2, stimulent les opérateurs du secteur, qui depuis une dizaine d’années, prennent sérieusement en main cette problématique.
Une étude sur les « APPROCHES STRATÉGIQUES DES ÉMISSIONS CO2 » dans l’industrie cimentière et de l’industrie chimique (Diane Laure Arjaliès et al. Aux éditions Lavoisier) mais en lumière la prise en compte du sujet chez les cimentiers. (Les lettres des présidents en introduction aux rapports développement durable de 2000 à 2009, sont analysées par comptabilisation de certains mots clés (analyse quantitative) et permettent de donner une idée du poids donné au développement durable et aux émissions de CO2)
La contrainte stimule…
Aujourd’hui CEMEX équipe ces cimenteries espagnoles de générateurs à oxygène (de l’américain AIR PRODUCT).
Le principe d’oxy-combustion permet d’améliorer la combustion. Le but est d’utiliser de l’oxygène pur à la place de l’air pour bruler le combustible. Cette méthode améliore la concentration de CO2 dans les fumées rejetées (jusqu’à 95%), celui-ci peut alors être plus facilement piégé en vue de son stockage (de nombreux projets de recherche sont en cours sur le sujet). Si CEMEX, n’évoque pas de projet de CSC[3], le procédé permet d’améliorer la combustion et d’éviter 450 000 tonnes de CO2 par an. On peut espérer, qu’étant donné les enjeux sur le marché du carbone, CEMEX réfléchisse sur le sujet et anticipe sur un sujet qui risque de devenir stratégiquement majeur.
Conclusion
Malgré une contrainte CO2 « plus light », que pour les autres installations soumises à la SCEQE et des prix de quotas en soldes, force est de constater que les choses évoluent vite. Le coût des combustibles, qui représente de 30 à 40% des coûts de production[4], est également un aiguillon sensible. Encore une foi, une contrainte maîtrisée et contrôlée est le seul moyen de faire bouger des acteurs économiques.
[1] http://www.euractiv.fr/sites/default/files/sceqe.pdf
[2] Fuite de carbone : Lorsque le coût des quotas carbone renchérit significativement le prix de production, il existe pour certaines industrie, le risque d’une délocalisation des industriels du secteur vers des pays non soumis aux contraintes sur le CO2
[3] CSC : capture séquestration du CO2
[4] Combustibles brulés dans les cimenteries : Le charbon, le coke de pétrole, le gaz naturel et le fioul, mais également depuis 10 ans différentes sortes de déchets (pneus usagés avec un agrément spécifique, déchets industriels à potentiel calorifique intéressant, farines animales etc.).
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