Bilan Carbone(r) chantier : ratios et cohérence des index BT nationaux
janvier 3rd, 2011 // 10:18 @ V.CAU
Pour la réalisation du bilan carbone(r) d’un chantier, comme pour toute étude, il convient tout d’abord de définir le périmètre et les hypothèses retenues. Le Bilan Carbone (r) consiste à évaluer les flux physiques nécessaires aux travaux mais également tous les flux amont qui ont été nécessaires (fabrication des matériaux, transports, etc.), afin d’en extraire les émissions de GES qui ont eu lieu tout le long de la chaine. Dans le cadre du Bilan Carbone (r) chantier, le but est d’estimer l’impact de la construction, les émissions liées à l’exploitation ne sont pas prises en compte. Pour ce faire, nous utilisons plusieurs méthodes :
pour le lot gros œuvre (poste généralement le plus émissif) :
- La méthode la plus précise consiste à convertir les quantités réelles d’énergie,de matériel et matériaux mis en œuvre, par le biais de facteurs d’émission, en quantités de gaz à effet de serre. Ces quantités sont soit fournies par l’entreprise chargée des travaux, soit (plus souvent) estimées par décomposition du DQE (Devis Quantitatif Estimatif ou DPGF) selon les détails et sous détails utilisés, de manière générale, par les entreprises de gros œuvre.
- Une seconde méthode consiste à désagréger le montant de la prestation en flux physiques à partir des index BT nationaux (gros œuvre BT06). Et de la même manière que précédemment, à les convertir en quantités de GES, par le biais de facteurs d’émissions.
pour l’ensemble des autres lots :
- Le montant de chaque lot est converti en flux physiques par décomposition selon les index BT nationaux.
Une dernière étude : le cas de l’entreprise générale (mandataire unique du marché, sous traitants les lots pour lesquels elle ne possède pas les compétences )
- Le montant est désagrégé en flux physiques selon l’index BT01.
Voici quelques histogrammes issus de deux chantiers pour lesquels la totalité des études ont été réalisées
Un EHPAD (5.6M€ en TCE et 1.5M€ pour le Gros oeuvre)
Un ADAPEI (4.5M€ en TCE et 1 M€ pour le Gros oeuvre)
Voila les données finales résultant des bilan carbone(r) pour les 2 affaires. Les valeurs sont globalement cohérentes quelque que soit la méthode utilisée. On peut noter pour le chantier de l’ADAPEI que s’il est décomposé selon le BT01 (comme un chantier en entreprise générale), le résultat est 40% plus important qu’en lots séparés. D’autre part, il est vraisemblablement plus cohérent de décomposer le lot gros œuvre selon le BT03 (maçonneries, blocs, hourdis, canalisation) car les travaux s’apparentent plus à de la maçonnerie que du gros œuvre au sens du BT06 (béton armé…) . En effet, ce chantier est constitué de plusieurs bâtiments maçonnés, avec des planchers poutrelles/hourdis. Si l’on décompose le montant TCE en fonction de l’index BT01, on « pénalise » le bilan carbone(r), la décomposition donne des volumes de béton supérieur à la réalité.
Si l’on ramène ces valeurs au m2 SHON:
On peut noter que les deux chantiers ont des valeurs semblables, la valeur BT01 de l’ADAPEI dénote, mais elle n’est pas vraiment représentative, comme nous l’avons noté précédemment. Pour les chantiers, nous connaissions la surface hors œuvre brute (SHOB) nous en avons déduit le SHON ( SHON (nette)= 80% de la SHOB), on peut discuter ce point, nous avons pris une valeur volontairement optimiste (le rapport est plus fréquemment compris entre 70 et 80%). Ce point est essentiel car selon le ratio que vous prenez en compte les résultats changent rapidement. (voir la note EFFINERGIE sur ce sujet)
globalement on à :
- pour le gros œuvre : 60 kg éq. C /m2 SHON
- Pour l’ensemble du chantier : 230 kg éq.C/m2 SHON
Maintenant si l’on converti ces valeurs en énergie consommée :
Comment sont convertis les kg éq.C en kWh ép. ?
Puisque le but est de comptabiliser l’énergie, nous déduisons les émissions non énergétiques liées à la décarbonatation du béton, que nous estimons « grossièrement » à 30% des émissions du gros œuvre (cette valeur est issue d’une compilation d’études bilan carbone chantier). Nous prenons l’hypothèse, que l’énergie mise en œuvre sur un chantier est composée à 80% d’hydrocarbures liquides (nous prenons le gasoil à 0.082 kg éq. C /kWh ) et 20% d’électricité de réseau (à 0.023 kg éq. C/kWh).
- pour le gros œuvre : le chantier à besoin d’environ 790 kWhep /m2 SHON (60 kg éq C/m2 SHON * 0.70)
- pour le chantier dans sa globalité : 3800 kWh ep/m2SHON
Si l’on rapporte ces valeurs aux exigences de consommation des bâtiments : le gros œuvre équivaut à 15 ans de consommation d’un bâtiment BBC (50 kWh ep/m2.an), pour l’ensemble du chantier on est autour de 76 ans.
et enfin quelques ratio monétaires :
- pour le gros œuvre : entre 140 et 210 gr éq. C/€ de prestation selon la méthode de comptabilisation.
- pour le chantier globalement : entre 134 et 211 gr éq. C /€.
Conclusion:
Un chantier c’est comme le coca…y a plein de gaz carbonique dedans!
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