RE2020 – 1 / Exit le chauffage au gaz ?
novembre 27th, 2020 // 9:23 @ V.CAU
Le 24 novembre dernier les Ministres Barbara Pompili (environnement) et Emmanuelle Wargon (logement) ont donné les orientations de la RE2020 qui deviendra la règlementation des bâtiments neufs en 2021 et remplacera la réglementation thermique RT2012. Cette nouvelle réglementation élaborée depuis 2015 constituera un changement majeur car elle va contraindre les acteurs du bâtiment à compter les émissions de GES de leurs constructions.
Compter le CO2 et pas seulement les kWh
Jusqu’à maintenant la RT2012 comptait l’énergie d’utilisation des constructions sans tenir compte des externalités négatives. Pour faire simple, vous pouviez utiliser au choix : du charbon (Briquette de lignite) pour vous chauffer avec des émissions de 390 kgCO2e/kWh, ou une pompe à chaleur électrique (143 gCo2e/kWh*2.58/3(cop) = 123 kgCO2e/kWh) il suffisait de pouvoir justifier que vous ne consommiez pas plus de 50 kWh par m² et par an. Bref, vous comptiez le flux (l’énergie) et pas les conséquences du flux.
La RE2020 constitue en ce sens une avancée majeure car en plus d’imposer une très forte performance sur les besoins en énergie du bâtiment (Besoin climatique ou Bbio, le flux d’énergie), elle va exiger de justifier que vos constructions restent sous des seuils très bas d’émissions de GES (4kgCO2e/m².an pour l’individuel et 14 kgCO2e/m².an pour le collectif, dans un premier temps). Les Maîtres d’œuvres devront porter une attention particulière sur l’enveloppe et les systèmes passifs de chauffage et climatisation.
L’électricité va voir son taux de conversion en énergie primaire passer de 2.58 à 2.3, ce qui ramènera cette énergie sur le devant de la scène. Exit le gaz qui était le grand gagnant de la RT2012. C’est une très bonne chose pour deux raisons :
- Il faut savoir pourquoi on met en place une réglementation. Quel est l’objectif final ? Pourquoi souhaite-t-on limiter les consommations d’énergie ? Aujourd’hui le message s’éclairci. La réponse est : avant tout pour limiter les émissions de GES. La notion de coût d’utilisation passe en second plan.
- Le gaz était le grand gagnant de la RT2012. Tout naturel qu’il soit le gaz est une ressource fossile qui émet des GES (227 gCO2e/kWh PCI) et qui n’est pas disponible (ou très peu) sur le territoire européen. Nous dépendons principalement de la Russie et de l’Algérie pour nos approvisionnements. Mettre en place, aujourd’hui, un système de chauffage au gaz, c’est faire le pari que sur les 50 ans à venir ces pays répondront à nos demandes d’achat de gaz comme aujourd’hui. Rien n’est moins sûr pour des raisons géopolitiques (il se pourrait que la Russie préfère commercer avec la Chine plutôt qu’avec l’Europe à l’avenir), mais également pour des raisons de raréfaction de la ressource.
La meilleure énergie n’est pas celle que l’on ne consomme pas comme il est dit constamment mais celle qui rend un service avec le moins d’externalités négatives, d’inconvénients. Aujourd’hui on a décidé que le CO2 était le combat prioritaire et c’est très bien. Cette réglementation ne constitue qu’une première marche de l’escalier qui nous permettra de descendre vers la neutralité carbone. Rappelons que la France s’est engagée à la neutralité carbone en 2050 (SNBC – Stratégie Nationale Bas Carbone: https://www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc ) et qu’il va falloir se retrousser les manches!
…le décret d’application n’étant pas paru, il est encore possible que certains lobbys tordent le bras du législateur, à suivre…
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