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RE2020 – 2 / ACV Dynamique

RE2020 – 2 / ACV Dynamique

novembre 29th, 2020 // 9:03 @

L’ACV Dynamique c’est de la dynamite. Une bombe. Après 4 ou 5 ans d’expérimentation du calcul des émissions de la construction à partir du fameux indicateur EGESPCE du label E+C-, voila que la future RE2020 change les règles du jeu. Un certains nombre de professionnels et de fabricants de matériaux grincent des dents.

L’impact des matériaux ne sera plus calculé dans une analyse de vie classique (statique) mais dans une ACV dynamique. Qu’est-ce que cela signifie ?

L’analyse de vie présente les émissions de GES émises à chaque étape de la vie d’un matériau.

Dans le label E+C-, chaque étape participait à l’empreinte carbone du matériau à parts égales. La somme des émissions de chaque étape déterminait le poids carbone du matériau. Celui-ci était ensuite ramené au m² de surface de plancher. Le label exigeait que l’ensemble des impacts carbone des matériaux soit en deçà d’une valeur de référence (en kgCO2e/m² SDP).

La nouveauté apportée par la RE2020 est la pondération de l’impact des différentes étapes du cycle de vie d’un matériau en fonction de l’année (réelle) des émissions de GES. Plus une émission a lieu tôt, plus son impact est important.

Les émissions sont pondérées entre la phase de construction (t=0) et la phase de démolition ou fin de vie (t=PER : période d’étude de référence)

Les émissions de production et de construction sont considérées émises à t=0 (elles sont comptées à 100%).

Les émissions d’utilisation sont réparties régulièrement sur la durée de vie du produit ou matériau et sont pondérées par un coefficient de réduction qui diminue avec les années.

Les émissions de fin de vie sont par convention considérées émises à t=PER. La RE2020 leur applique un coefficient de réduction d’environ 0.6 à cette étape.

Les GES sont donc pondérés en fonction du moment de leur émission. Entre la construction (t=0) et la déconstruction (t =PER) les coefficients de pondération sont compris entre 1, pour la première année et 0.59 pour la cinquantième.

Cette ACV dynamique favorise donc les matériaux dont l’impact est important en fin de vie. C’est typiquement le cas des matériaux biosourcés qui libèrent en fin de vie le carbone stocké pendant leur phase de croissance.

Exemple pour une menuiserie en version alu et bois.

En ACV statique, sur la durée de vie du bâtiment, ces deux types de menuiseries auraient un impact d’environ 184 kgCO2e/m² pour la menuiserie alu et 147 kgCO2e/m² pour la menuiserie bois. Sur la durée de vie du bâtiment la menuiserie alu est remplacée 1.6 fois, celle en bois 2 fois.

Dans le cas de l’ACV dynamique, la phase fin de vie serait diminuée d’environ 40%, la phase utilisation serait également diminuée d’une vingtaine de pourcents (moyenne sur la durée d’utilisation). Sur les graphiques suivants, qui détaillent la répartition des émissions des deux menuiseries (données FDES) on constate que la répartition des émissions est totalement différente entre la menuiserie bois et la menuiserie alu.  La menuiserie bois bénéficiera d’une réduction substantielle des émissions de GES des flux liés aux deux dernières phases du cycle de vie, c’est à dire :

  • L’utilisation : revernissage tous les 5 ans de la menuiserie, déplacement d’un technicien avec un véhicule thermique 8L/100km…
  • La fin de vie : 24 kg de déchets envoyés vers un centre d’enfouissement (à 30km)

(tous les détails voir : fenêtre double vitrage en pin ARBOR 68s : : https://www.base-inies.fr/iniesV4/dist/recherche-fdes/1 )

L’ACV dynamique permet de réduire l’impact des deux menuiseries. Celle en aluminium voit son empreinte carbone diminuer de 0.68% sur 30 ans. Celle en bois (dont les impacts sont importants en utilisation et fin de vie) voit son empreinte diminuer de 6.28% sur 25 ans.

Quel intérêt de « dynamiser » ?

Donner un « avantage carbone » à certains matériaux et pas à d’autres va faire grincer des dents chez les fabricants. Surtout quand la règle est nouvelle et que cette nouvelle disposition « sort un peu du chapeau ».

Je considère tout de même que cela va dans le bon sens. Le principal intérêt, est selon moi, d’agir en priorité sur les émissions pour lesquelles nous avons la vision la plus nette, et à l’opposé, d’être plus prudent sur les émissions pour lesquelles nous avons une vision très « floue ».

Il est en effet très présomptueux de quantifier l’impact de la fin de vie d’un matériau dans 50 ans. Le calcul pour un permis de construire établi en 2021 devra tenir compte des émissions sur 50 ans soit jusqu’en 2071. J’ai bien conscience qu’il est important de quantifier les impacts sur la durée de vie du bâtiment, mais imaginer la fin de vie en 2071 est plus qu’audacieux.

En 2071, recyclera-t-on les menuiseries comme aujourd’hui ? Y aura-t-il encore des centres d’enfouissement ? Des camions diesel qui transporteront des déchets ?

Faire de la prospective a cette échelle de temps est totalement illusoire.

On peut parier sur un monde qui aura pris à bras le corps la lutte contre le réchauffement climatique et où tous les produits seront recyclés, revalorisés, et où leur durée de vie sera prolongée. On peut parier sur un monde ultra-technologique où l’on saura traiter sans impact les matériaux déconstruits. On peut parier également  sur un effondrement économique où on ne déconstruira jamais et où les ruines de menuiseries seront réutilisées pour faire des abris dans de nouveaux bidonvilles. Bref, on peut tirer des plans, mais il est très peu probable que les flux d’émissions de fin de vie des menuiseries en 2071 ressemblent à ce qui est prévu dans les FDES actuelles.

Il ne me semble donc pas tout a fait incohérent d’être prudent sur ces lointaines étapes.

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Principe du calcul dynamique : (p50 http://www.batiment-energiecarbone.fr/IMG/pdf/20200814_principes_et_elements_structurants_de_la_methode.pdf)


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